Paru dans http://www.mesnil-sellieres.com/
Parmi les manifestations attendues et préparées de longue date, le vide grenier du Comité des fêtes a pris une place dominante dans le calendrier maillotin.
Le nombre d’exposants y est toujours important – plus de 150- l’accueil sympathique et la variété des marchandises remarquée.
10 ans déjà !
Nos amis du Comité des fêtes seraient mieux que moi, à même de dire de quel cerveau fertile jaillit l’idée de transformer pour une journée notre village en « foire à tout ». Si mes souvenirs sont bons, la configuration générale n’a guère changé : on envahissait alors la cour de l’école encore bordée du vieux bâtiment ainsi que le parking de la salle des fêtes et le terrain scolaire. Depuis, la disposition est rectiligne et suit la Grand Rue.
L’année 2008 n’a pas démérité, malgré un cafouillage regrettable dans la publication des dates par la presse locale et la concurrence d’attractions similaires dans un voisinage tout proche.
Les emplacements étaient réservés du bas du village jusqu’au carrefour de la route de Bouranton : pour le visiteur local, un long parcours de salutations et de retrouvailles toujours appréciées.
Il serait amusant de connaître la date , à tout le moins la période, à laquelle le grenier que l’on vide soi-disant ce jour là cessa d’abriter grains et pommes, ails et noix. Qui n’a connu l’étendue poussiéreuse tapissée de toiles de jute, des sacs en fait, sur lesquels on étalait les fruits, domaine des rongeurs poursuivis par les matous de la maison ? Salle de jeu improvisée pour les enfants avides de découvertes et d’aventures. Le grenier à coffres et à meubles était celui des « maisons de maîtres », des villas bourgeoises.
« Dans la pénombre des greniers, ils découvraient d’insoupçonnables trésors… Ils rêvaient de porcelaines précieuses, à décors d’oiseaux exotiques, de livres reliés de cuir, … » (G Perec. Les Choses)
A en juger par les étals des habitués, le vide grenier est devenu souvent un vide placard. On remarque tout de même ça et là quelque vieux objets, outils rafistolés, chaînettes, bagues , montres, christ sans croix, médailles diverses, menues curiosités sous vitres ainsi soustraites aux mains baladeuses.
L’étiquetage est-il toujours de règle ? Le prix affiché fait souvent fuir le client. Tout est trop cher en ces temps de disette monétaire ! Heureusement le marchandage est de mise : certains font mine de s’en offusquer. Telle est pourtant la pratique antique : le prix se négocie librement. Les palabres font partie du plaisir. « Je vous fais les trois pour le prix de deux » ; « A ce prix là je remballe » ; « Voudriez pas qu’on vous le donne non plus ? »… Les dialogues sont convenus, plus ou moins vifs, accompagnés de mises en scène. Tel fait mine d’abandonner pour revenir plus tard à la charge, tel autre s’indigne en agitant les bras. Tout l’art est de ne pas provoquer la rupture, de proposer le prix acceptable, le rabais tentant.
On a balisé les chemins privés afin de limiter les stationnements sauvages. Les visiteurs regagnent leurs voitures lointaines chargés d’objets improbables. Les mères de famille ont rhabillé les petit(e)s. On a gâté les enfants de jouets bon marché. C’est la victoire du pouvoir d’achat pour les revenus modestes. De mauvais esprits s’étonnent : la diversité des tenues et des origines s’affiche. La foule est joyeusement bigarrée. C’est pourtant beau la rencontre des autres.
(J'ai classé cet article dans la rubrique "people" parce que ça parle du peuple!)
